Oh, tiens, mon vieil album… J’y avais collé pas mal de trucs, des photos, des coupures de journaux… Il retrace un peu toute mon histoire. Vous voulez que je vous raconte ?

Tenez, regardez, cette photo par exemple… Le mariage de mes parents. Bien sûr, ça commence à dater, ils se sont mariés en 75, même pas trois mois après leur rencontre, je vous laisse juger du coup de foudre ! A l’époque, papa n’était pas grand-chose dans la mafia, à peine un sous-fifre de sous-fifre au service du padrino… Maman, elle, était une civile comme les autres. Elle a été attirée par l’aura de mauvais garçon de papa, lui par sa gentillesse, ils ont eu une histoire d’amour vraiment très forte. D’ailleurs, je pense que même après vingt-cinq ans, il en reste quelque chose, la tendresse du vieux couple…

Oh, la première photo de nous trois ! Je dois avoir à peine deux heures, je crois… Donc, elle date du 23 juillet 78. Vous voyez le petit bout de rose dans les bras de mon père, avec les grands yeux violets ? C’est moi ! On m'a toujours répété que j'avais les yeux de ma grand-mère, profonds comme une pierre précieuse ajoutaient même les dragueurs de pacotille. Pourtant, ils finissaient toujours par renoncer à chercher à comprendre mes sentiments rien qu'en y plongeant… Il faut dire que j'ai vite appris à cacher plus ou moins mes émotions, c'est le minimum nécessaire quand on ne veut pas se faire remarquer. En attendant, je ne sais pas si c'est leur faute, mais il ne m'a pas fallu plus de deux secondes dans les bras de mon père pour qu'il devienne complètement gaga. Ah là là, mon pauvre petit papa… Lui qui est absolument sans pitié dans son travail, il n'a pas su résister au charme d'un petit bébé, de son petit bébé. Ça fait 22 ans qu’il m’adore, et je pense que ça va encore durer un bon bout de temps… Et j'en profite bien, parfois. C'est pratique d'avoir un père riche, et qui a une place importante dans la mafia, parfois… Par exemple, si jamais je suis dehors après le couvre-feu (pour aller chercher des infos chez quelqu'un qui n'aurait pas pu me les donner dans al journée, que ce soit parce qu'il évite de se montrer ou qu'il est trop occupé…), il suffit que j'évoque son nom et on me laisse tranquille. Et puis dans les cas très rares où j'ai du mal à boucler les fins de mois, je peux toujours lui demander un peu d'argent, il ne me le refusera pas. Du coup, je n'ai aucun scrupule quand je dépense mes sous, je sais que je n'aurais jamais de problèmes de ce côté-là. Mais bon, à vrai dire, je pourrais n'être pas sa préférée, ça ne serait pas très grave, ce n'est pas ce qu'il y a de plus important dans ma vie. Pas comme pour Emiliano…

Ah, je ne vous en ai pas parlé ? C’est mon petit frère, il a quatre ans de moins que moi, presque cinq si on prend en compte qu’il est du mois de novembre. Ah ! Voilà la photo que je cherchais ! Milio est là, juste à côté de moi. On était mignons quand on était petits, pas vrai ? Les gens disent qu'à part les yeux, on se ressemble comme deux gouttes d'eau. Et c'est vrai que la génétique a bien fait les choses, on voit vraiment qu'on est frère et sœur. Le même visage au traits fins, assez joli mais sans tomber dans la beauté stupéfiante, les même cheveux ébènes… Notre seule différence à la première approche, ce sont les yeux, les siens sont verts. L'autre différence, c'est le sentiment que nous inspirons. Si les gens ressentent du respect en voyant son visage déterminé, voire même parfois de la crainte, on me dit souvent que j'inspire la confiance. Ça m'arrange, puisque comme ça les gens se confient plus facilement, et j'obtiens un peu plus d'informations pour mes articles. Enfin, à l'époque où cette photo a été prise, ça ne se voyait pas encore, et les gens s'amusaient souvent à dire que, si Milio avait eu les cheveux un tout petit peu plus longs, on aurait pu lui mettre mes vêtements et le faire passer pour une fille. Papa et maman l’adoraient, lui aussi. Cadeaux, bisous, câlins, mots doux, il n’a manqué de rien, vraiment. Mais j’ai toujours été la préférée de papa. Parce que j’étais son premier enfant ? Parce que j’étais une fille ? Je ne suis même pas sûre que lui-même le sache réellement, ni même qu’il se soit aperçu de sa préférence… Milio, par contre… Il a finit par le comprendre, que j’étais la "chouchoute", et il a développé un complexe d’infériorité terrible. A six ans, ça ne pardonne pas… Il s’est mis en tête qu’il deviendrait un grand mafioso, pour que papa soit fier de lui et qu’il le préfère à moi. Bien sûr, au début, c’était juste le sempiternel "quand je serais plus grand, je ferai comme papa !", et puis, on a grandi, et sa résolution s’est affermie, et puis on s’est éloignés, avec nos avis opposés sur la mafia. Ça doit bien être une des rares choses que je regrette de notre enfance, la complicité qu’on avait. J’aimerai bien qu’il change d’avis, qu’il rejoigne la résistance, comme moi… Et en même temps je ne veux pas qu’il lui arrive malheur. Il est peut-être devenu un petit con imbu de lui-même à cause de la position assez haute qu’il occupe, à seulement dix-huit ans, mais il reste mon petit frère…

Tiens, je l’avais oubliée celle-là… Une de nos rares photos tous les quatre. Papa travaillait beaucoup… D’ailleurs, cette sortie de famille était liée à son travail, plus ou moins. Il nous avait emmenés faire un pique-nique dans la campagne autour de Venise, sous prétexte qu’il allait avoir beaucoup de travail dans les mois à venir. "Beaucoup de travail" ? Quel doux euphémisme, papa chéri… C’est sûr qu’un coup d’état, ce n’est pas une promenade de santé. Je crois que c’est à ce moment là que j’ai compris ce que faisait réellement mon père, qui il était… Avant, je n’avais pas vraiment conscience de ses activités, je savais que c’était plus ou moins illégal, mais je ne m’en souciais pas plus que ça. Seulement, voir son père rentrer tard dans la nuit et couvert d’un sang qui n’est pas le sien, et encore, quand il rentre, c’est quelque chose que je ne souhaite à aucune gamine de douze ans. Rien de ce que j’ai vu dans ces moments, je ne souhaite rien de tout ça, à personne. C’est sans doute à cette période que j’ai le plus joué mon rôle de grande sœur. Tant que j’ai pu, j’ai tenu Emiliano éloigné de tout ça. Certains m'ont dit que c'était inutile de s'acharner comme ça, qu'il finirait toujours par comprendre ce qu'il se passait, mais je suis têtue, moi. Je ne voulais pas qu’il sache, je voulais que ses yeux de petit garçon gardent encore un peu leur innocence. En fait, je pense que si je ne l’avais pas fait, maman n’en aurait sans doute pas eu la force. Jusque là, elle était comme moi, elle avait placé papa sur une sorte de piédestal. Il était beau, fort, gentil, on avait la belle vie. Bien sûr, elle avait une idée plus claire que la mienne de ses activités, mais il lui avait caché le pire… Alors la chute du piédestal a fait mal, très mal, même si elle n’a pas eu le même effet sur nous deux. Si pour moi, elle a été un déclic, le "tilt" qui a fait que plus tard j’ai rejoint la Catena dei Pirati, pour maman… Je ne saurais pas comment l’expliquer. Disons qu’elle est devenue encore plus douce, calme, posée qu’avant. Je ne l’ai plus vue élever la voix, que ce soit de colère ou de contentement. Même si je lui annonçais d’un seul coup que je travaillais pour les pirates et que j’hébergeais un fugitif chez moi, je crois que tout ce que je récolterais serait un "d’accord ma chérie, mais n’en parle pas à ton père, il pourrait se vexer…". Elle s’est déconnectée. Voilà, c’est le terme qui convient. Déconnectée… Et puis la vie a continué. Mon père a su mettre à profit ses "exploits", et il a gagné pas mal de galons. Oh, il n’est pas devenu bras droit, non, à quarante ans, il était trop vieux… Mais il a profité de la mort de ses supérieurs pour atteindre une place plus que respectable. Moi, j’en ai tiré une admiration sans borne pour les journalistes qui, même dans les pires moments, descendaient dans la rue pour partir à la recherche d’informations. Admiration qui s’est vite transformée en vocation : plus tard, comme eux, je diffuserais tout ce que je pourrais, pour montrer aux gens les horreurs de la mafia… Et puis c'est aussi à cette période que j'ai commencé à cacher mes sentiments. Comment expliquer à mon père que ce à quoi il consacrait sa vie me faisait horreur ? Que le jour où son patron serait renversé serait le plus beau de ma vie ? Non, ce sont des choses qu'on ne dit pas. Le premier mensonge. Ensuite en sont venus d'autres, ne pas montrer à tous les maffieux à quel point je les détestais, ne pas montrer qu'un cadeau ne plaît pas… Petit à petit, mentir est devenu un réflexe, et je me suis réfugiée dans le sarcasme pour pouvoir, aussi peu que ce soit, exprimer mes opinions. Oh, bien sûr, il arrive que je dise ce que je pense. Mais c'est rare, très rare. Il faut que j'ai entièrement confiance dans la personne à qui je parle, ou alors que j'ai bu. Mais comme je ne tiens pas du tout l'alcool, j'essaye d'éviter la deuxième option, voyez-vous…

Regardez ! Cette photo, je crois que c'est maman qui l'a prise. Papa était en train de nous donner un cours d'auto-défense, à Milio et moi… L'idée lui est venue un peu après le coup d'état, quand les rebelles ont commencé à apparaître. Il voulait être sûr qu'on sache se défendre au cas où, les enfants d'un maffieux important peuvent faire des otages intéressants, c'est ce qu'il disait… En quelques mois, il nous a appris à nous servir de nos pieds et de nos poings. On n’a pas atteint le niveau de professionels, mais il a jugé que c’était suffisant pour qu’on puisse se débrouiller. Quand on a terminé notre "apprentissage", il nous a offert à tous les deux un poignard, pour les cas où le ce qu’il nous avait appris ne suffirait pas. Je ne sais pas pour Emilio, mais moi je ne m'en sépare jamais. En général, je cache l’étui entre mes seins, ou sur mes avant-bras, ou dans mes bottes, un peu où je peux en fait. L'essentiel, c'est qu'ils soit à portée de main au cas où, et je n'hésite pas à m'en servir quand une espèce de grosse brute essaye de m'attaquer. Oui, je trouve que ceux qui ont recours à de telles méthodes sont des brutes. Et je ne me prive pas de le leur dire.

Mais je n'ai pas passé mon temps qu'à apprendre à me battre avec papa. J'en ai aussi passé avec maman, dans la cuisine… Ah, la cuisine de maman… Un de mes plus beaux souvenirs d'enfance. Elle adorait ça, c'était sa passion, elle savait préparer toutes sortes de plats des quatre coins du monde. Et elle m'a transmis ça. Les viandes, les légumes, les gâteaux, les desserts… C'est elle qui m'a tout appris, par petites touches, un repas par-là, un goûter par-ci… Dès qu'elle se mettait aux fourneaux, je rôdais dans la cuisine, pour l'aider ou même rien que pour observer. Tenez, là, par exemple, on préparait une tarte pour les dix ans d'Emilio. J'avais les cheveux pleins de farine ! Et… Oh mon dieu, mes cheveux ! J'avais oublié que j'avais la coupe au carré à l'époque. C'était "à la mode"… Il faut dire que je suis passée par pas mal de désastre capillaires avant d'en arriver à ce que j'ai en ce moment, mi-longs avec les pointes qui rebiquent derrière. C'est vrai que c'est une coiffure pratique : ils sont assez longs pour que je les attache si j'en ai besoin, mais aussi assez courts pour que je puisse ne pas passer trois heures à les démêler tous les matins. Par contre, j'avais déjà ma mèche qui me retombait sur le front… Ça doit être à cette époque là que j'ai attrapé le tic de souffler dessus pour qu'elle ne me rentre pas dans les yeux…
Mais en plus de sa passion de la cuisine, elle m'a transmis une de ses principales valeurs : on ne s'ennuie que quand on n'a rien à faire, et il y a toujours quelque chose à faire. Alors je trouve toujours quelque chose pour m'occuper. Le travail, la cuisine, la lecture, le ménage… Le ménage surtout. J'aime quand les choses sont propres et bien rangées. Non, je ne suis pas maniaque ! C'est juste que… Oui, bon, on peut dire que je suis maniaque. Même si je trouve que ça a une connotation péjorative pour quelque chose qui n'est après tout que du bon sens : quand les choses sont propres, c'est bien plus agréable, et quand elles sont rangées on sait où elles sont…

Wouah, l’annonce de mon appartement ! Je ne me souvenais pas de l’avoir collée là… J’ai commencé à chercher un chez-moi dès que j’ai touché ma première paye. Si je me souviens bien, c’était un article sur les chutes inexpliquées de pots de fleurs sur la tête des mafiosi. Ah là là, quand je pense que mon premier papier concernait un acte rebelle… Tourné de manière à plaire au padrino, bien sûr. Je devais avoir quoi… Dix-huit ans ? Mais revenons-en à l’appartement… J’avais cherché pendant plusieurs mois, en épluchant toutes les annonces immobilières, et il faut dire qu’elles sont rares… Vu la situation actuelle, on ne déménage pas beaucoup, et les appartements ne se libèrent qu’à la mort de leur propriétaire. Mais j’ai fini par trouver, un jour, cette annonce là :


Je n’ai pas hésité, je l’ai visité, je l’ai pris. Coup de cœur, il est magnifique. Attendez, je dois avoir une photo quelque part… Ah, la voilà. Je ne sais pas trop de quand elle date, mais elle est récente, regardez, on voit un des caleçons de Halloween qui traîne. Je passe ma vie à lui dire de les ranger... Quand il est là. Hallo, je l’ai trouvé dans la poubelle, un matin. Je l’ai ramené chez moi pour qu’il se lave et mange un peu, le pauvre gosse… Et depuis, j’ai un fugitif qui vient de temps en temps pour vider mon garde-manger et squatter mon canapé… En échange d’informations, évidemment.

Attendez, je cherche une photo de mon dernier anniversaire, on est tous les quatre… La voilà ! Je suis au milieu, papa est à ma droite et Milio à ma gauche, et maman est de l'autre côté d'Emilio. On a l'air heureux, pas vrai ? Eh bien, avec tout ce que je vous ai déjà raconté sur notre famille, je vous laisse imaginer le degré d'hypocrisie de ces soirées. Moi, qui fait comme si j'admirais papa et Milio pour leurs positions dans la mafia, et aussi comme si j'approuvais totalement ce qu'ils font. Milio, lui, doit lutter pour ne pas que papa remarque sa jalousie quand il me prend dans ses bras en m'appelant "mon petit bébé", "la chose que j'ai le plus réussi dans ma vie", et j'en passe… Et maman, qui utilise un quota d'énergie qui aurait pu lui servir pendant bien un mois, rien que pour montrer un peu d'enthousiasme et de sentiments. Non, vraiment, ce n'est qu'une mascarade, un théâtre d'improvisation où les acteurs doivent faire semblant d'être heureux. Mais ce n'était pas que pour ça que j'avais voulu vous montrer cette photo. Non, en fait je voulais aussi vous faire admirer la superbe robe que je portais ce soir-là… C'est une de mes rares robes de soirée, je les garde pour les grandes occasions, les anniversaires, ou alors les réceptions auxquelles je suis obligée d'assister pour les raconter en détail dans le journal du lendemain… Sinon, dans ma garde-robe, vous trouverez plutôt des tenues simples, passe-partout… Pulls et pantalons pour l'hiver, jupes, robes et t-shirt pour l'été, rien de bien exceptionnel, plutôt de quoi se fondre dans la foule. Être invisible, c'est la meilleure technique pour ne pas s'attirer d'ennuis, je trouve.

Tiens, vous paraissez perplexes… C'est à cause de mon sourire, c'est ça ? Oui, sur toutes les photos, je souris. Mais c'est normal, non, tout le monde souris sur les photos… Seulement, moi, ce n'est pas que sur les photos. Je souris tout le temps, c'est vrai. Sarcastique, ironique, sincère, moqueur, joyeux, triste… J'ai toujours un sourire aux lèvres. La raison est toute simple, elle remonte à mon enfance… Je devais avoir six ou sept ans, et j'avais lu dans un livre une phrase qui m'a impressionnée et m'a marquée… L'héroïne venait de se faire capturer par son ennemi juré, et lui s'étonnait qu'elle continue à garder le sourire alors qu'elle était fichue. Et là, elle lui avait répondu qu'on lui avait enseigné depuis toute petite qu'il fallait toujours sourire, même dans les pires situations, car cela éloignait le malheur, et que le premier pas vers le bonheur était là. Quelques chapitres après, le méchant était vaincu. Dans ma tête de petite fille, c'était la preuve que cela fonctionnait, et depuis ce jour j'ai décidé que, quoi qu'il arrive, je sourirai toujours. Avec le temps, j'ai compris que l'héroïne avait tort. Sourire ne repousse pas le malheur. Mais ça énerve tellement les gens qui souhaitent le votre que je continue…

Ah, on en arrive à la partie où j’ai collé tous mes articles. Je crois qu’il ne manque rien, depuis les coupures de journaux d’articles publiés sous mon vrai nom jusqu’aux brouillons de Stracciatella. Mais si, vous savez, le pseudo que j’utilise pour la Catena dei Pirati ! Dès qu'ils sont apparus, j'ai su qu'il fallait que je les rejoigne. Ils représentaient exactement ce dont je rêvais : un moyen de transmettre les informations sans la moindre censure. Comment résister ? J'ai pris contact avec eux dès le début, le temps de remonter jusqu’à leur patron. L’avantage d’être journaliste, c’est qu’on dispose d’un réseau d’informateurs presque aussi important que celui de la police. Plus même, parfois, quand on fait comme moi une sorte de résistance en refusant de dénoncer la moindre personne. Donc, je les ai rejoints, et depuis j’ai mon quart d’heure de gloire tous les soirs, et je diffuse tous les détails que je connais et dont on ne peut pas parler dans les journaux. Comme par exemple les attaques de rebelles qui sont en fait des règlements de compte mafieux, camouflés pour éviter des révoltes. Ou le nombre réel de morts des règlements de compte en question, généralement très élevé par rapport à l’officiel… Mais je vois que vous vous interrogez. Pourquoi Stracciatella ? Pour le clin d’œil à mon vrai nom. Struccioni, Stracciatella, ça commence pareil. Et puis le chocolat c’est bon. Mais bon, le problème, quand on rejoint une organisation pirate, c'est qu'il faut faire vachement attention à tout ce qu'on fait, être encore plus méfiante envers ceux en qui on n'a pas complètement confiance, trouver des moyens de détourner l'attention… Par exemple, pour ne pas être soupçonnée de bosser pour les pirates, je suis une parfaite petite journaliste officielle, complètement à la botte du padrino et qui ne dit que du bien de lui. Autre exemple : je paye toujours mes impôts en temps et en heure, voire plus tôt, pour éviter une descente chez moi qui pourrait révéler que j'héberge régulièrement un fugitif… A force, réfléchir aux conséquences de ses actes devient un réflexe, je choisis les voies les plus sûres pour ne pas avoir de problèmes.

Voilà, il est temps de refermer l’album, maintenant. Bien sûr, je pourrais vous raconter bien d’autres choses, mais l’essentiel a déjà été dit. Avec ce que je vous ai raconté, vous pouvez comprendre ma vie, qui je suis et comment je le suis devenue. Mais il reste des pages blanches, rien n’est terminé… Qui sait, peut-être que vous serez sur la prochaine ?